Circus Dramaturgy

Poétique du cirque contemporain
(dramaturgies et grammaires d’une écriture en movement)

Chercheur principal : Louis Patrick Leroux (Concordia).
Co-chercheurs : Howard Richard et Daniela Arendasova (ENC)

Participants : étudiants de 2e et de 3e cycles de l’Université Concordia et élèves de 2e et 3e année de l’ENC.

Projet de trois ans subventionné par le FRQSC Fonds de recherche Société et culture Québec, programme d’appui à la recherche-création.

Résumé du projet

Le Québec est devenu, au cours des dernières décennies un centre névralgique de formation, de production et de diffusion du cirque contemporain. Le cirque serait entré dans son « ère québécoise », celle de l’hybridation des formes traditionnelles du cirque et des formes contemporaines du théâtre et de la danse, rencontre également de l’art et du commerce, d’une certaine « efficacité » dans l’organisation du récit circassien et de sa production reposant à la fois sur la prouesse et sur une narrativité qui rejoint un vaste public. La dramaturgie circassienne et le processus créateur propres au cirque contemporain ont très peu été étudiés. Nous nous interrogerons sur les formes de dramaturgie circassienne établies, les formes et stratégies émergentes et les pistes de croisements à explorer collectivement.

Rares sont les spectacles de cirque « écrits »; ils sont plutôt élaborés à partir de ce que chacun leur apportera, les numéros individuels étant souvent développés pendant des années par les artistes avant d’être mis en commun et altérés pour le besoin d’un spectacle.

Nous visons à articuler une grammaire des disciplines du cirque qui puisse ensuite servir à l’élaboration de modèles référents (nécessairement interdisciplinaires) qui puissent servir aux étudiants, aux enseignants, aux chercheurs et aux créateurs professionnels de repères (ou encore d’exemples contre lesquels construire sa propre démarche). Le cirque repose sur une langue (et une expectative) de la prouesse. Le langage est d’abord acrobatique, mais c’est un langage corporel spectaculaire que le spectateur, à priori, ne parle pas. Le programme de recherche reposera sur deux pôles, celui relevant de la
recherche-action visant à comprendre les modes et stratégies d’écritures scéniques circassiennes et celui relevant de sa notation, sa modélisation et sa transmission, tant par une acquisition des connaissances chez les étudiants, praticiens et pédagogues impliqués que par une documentation disponible en ligne (site web) et par un ouvrage sur la poétique du cirque contemporain. Les étapes de réalisation, concentrées à l’École nationale de cirque de Montréal et à l’Université Concordia, se déclinent sur trois ans.

Questions de recherche : quelle « écritures » pour le cirque?

Qu’en est-il alors de la spécificité de l’organisation du récit circassien? La dramaturgie circassienne et le processus créateur propres au cirque contemporain ont très peu été étudiés. La rencontre, en juxtapositions souvent inusitées, de formes de traditions et de langages scéniques distinctes provoque un flou artistique que le public postmoderne semble pouvoir décoder instinctivement sans difficulté. L’analyse des codes et conventions du cirque ainsi que leur enseignement à partir d’exemples concrets et récents, ainsi que de recherches expérientielles d’étudiants, d’artistes professionnels et de chercheurs mobilisera nos énergies pour trois ans. Nous nous interrogerons sur les formes de dramaturgie circassienne établies, les formes et strategies émergentes et les pistes de croisements à explorer collectivement.

Ces expériences se feront à l’École nationale de cirque de Montréal sous l’impulsion du chercheur spécialisé en dramaturgie et en discours culturel québécois, Louis Patrick Leroux et du chorégraphe, metteur en piste et directeur de création de l’École, Howard Richard et la directrice pédagogique Daniela Arendasova. Ils seront appuyés par une équipe d’élèves de cirque en profil professionnel et d’étudiants universitaires en dramaturgie et analyse de la représentation. Des formateurs, entraîneurs disciplinaires, gréeurs et professionnels du cirque s’ajouteront à l’équipe afin d’assurer un appui à la réalisation du programme de recherche, tant dans son aspect expérientiel, que dans l’élaboration de sa grammaire du corps et du mouvement et sa diffusion éventuelle.

Année 1 (2015-16)

ATELIERS EXPLORATOIRES

L’accent pour cette première année sera sur le geste acrobatique en tant que pierre angulaire de la création du cirque contemporain.

  1. La phrase acrobatique, ses perturbations, ses nouvelles tonalités
    Hiver; Howard, Daniela, Nicolas, Patrick

Quelles sont les phrases, les séquences usuelles du travail acrobatique? Doivent-elles leur syntaxe, leur construction à un a priori esthétique, à une tradition immuable, à une palette des possibles physiques dont les limites ont été éprouvées? Cet atelier explorera les séquences acrobatiques ‘normatives’ afin de les perturber, à la manière des improvisation jazz, d’éléments qui viendront changer la qualité et l’articulation du mouvement pour en faire une nouvelle matrice d’exploration.

Qu’apprenons-nous de l’effet des perturbations? Quelles sont-elles ces perturbations? Comment affectent-elles la phrase et la confiance des acrobates? Quel effet ces changements de syntaxe corporelle a-t-il sur les spectateurs? Bougeons-nous selon la logique somatique ou selon une tradition esthétique? Ce mouvement antinomique a-t-il sa place au cirque?

  1. Visualisation, verbalisation, reconstitution, réponse résonante
    Hiver et printemps; Patrick, Howard,

Les acrobates seront appelés à visualiser leur numéro, dans le détail, en s’arrêtant sur des moments difficiles, des passages qui leur causent des défis, des souvenirs de blessures, des craintes, des victoires. Visualisation effective mais qui donne le droit à quelques écarts. Ensuite, ils diront ceci à voix haute. J’en ferai un texte à dire, un texte à lire que d’autres acrobates liront, sans savoir de qui cela est le numéro. Ils s’exécuteront, créeront un bref numéro inspiré de ce qu’en dit la première voix.

Ensuite, on présentera la première série de numéros, suivis de la visualisation écrite-dite et de la réponse résonante des autres acrobates. Quelles traces restent-il de la première séquence? Qu’a-t-il été traduit? Quels éléments émergent d’une telle transmission? La mémoire corporelle peut-elle se transmettre par une telle verbalisation?

  1. Atelier de synthèse et Conférence-démonstration
    juin-juillet; Patrick, Howard, Daniela

Intégration en juin (atelier payé pour les étudiants : 15$/heure à raison de 25 heures sur 3 semaines) des éléments les plus concluants (mais aussi des échecs et des erreurs s’ils nous apprennent de quoi) et raffinement de ce travail en vue d’une conférence-démonstration début juillet à l’ENC. L’accent sera sur le processus, sur les pistes explorées à venir, avec un élément de démonstration bien rodé, tout de même.

Plan horaire 

12 novembre
Première rencontre avec les élèves sélectionnés et les instructeurs identifiés

Début décembre (date possible : 10 décembre)
Premier atelier exploratoire

Rencontres mensuelles (janvier à mai)
Travail d’exploration dans chacun des ateliers

Période intensive de travail (juin, 2-3 semaines)
Ateliers-synthèses et présentation des résultats